Police et pluralisme normatif du monde social : des horizons inconciliables ?
Mme Anne WUILLEUMIER
INHESJ | PARIS - France
(avec : Anaik PURENNE)
Résumé : Le répertoire policier, entendu comme l’éventail des moyens d’action policiers pour renforcer l’effectivité de la loi, est par définition pluriel (Stenning, 2000), même si sa mise en œuvre est souvent déséquilibrée, certains modes d’intervention étant privilégiés au détriment des autres. Mais qu’en est-il de son substrat normatif ? La police peut-elle prendre le tournant de la fin du consensus moral (Bauman, 2003) et, si oui, comment, a fortiori lorsqu’elle cultive, à l’instar de la police française, un style légaliste (Lévy, 2016) ? C’est la question qu’on se propose d’examiner à travers la mise en regard de deux expériences de recherche participative. La première recherche est consacrée aux politiques locales de sécurité. Elle s’intéresse à la manière dont la jeunesse des quartiers populaires peut sortir du rôle de cible des politiques policières et s’institutionnaliser au niveau local comme un acteur légitime (parmi d’autres) de sa définition. La deuxième recherche est consacrée au policing des manifestations. Elle vise à familiariser les polices françaises avec la notion de dé-escalade adoptée par plusieurs polices du nord de l’Europe dans leurs pratiques de gestion des foules protestataires composites de la modernité tardive. La perspective d’une construction démocratique et pluraliste de leurs référentiels d’action suscite dans les deux cas la résistance des acteurs policiers français. Dans cette communication, nous chercherons à analyser pourquoi.