Sociologie et ordre moral : comment analyser le conflit des mémoires en Roumanie et en Allemagne de l’Est ?
M. Mihaï Dinu GHEORGHIU Université Alexandru Ioan Cuza | IASI - Roumanie
Résumé : L’anniversaire des 30 ans depuis la chute (l’ouverture) du mur de Berlin en novembre 1989 a fait réapparaître une série d’images symboliques d’événements qui ont bouleversé l’ordre politique et moral des sociétés « communistes » et suscité des questions sur les responsabilités des violences et sur les réparations dues aux victimes. A quelques mois près, cet anniversaire coïncide avec celui de la libération du camp d’Auschwitz par l’armée soviétique, marqué par des cérémonies dans plusieurs pays de l’ancienne « Europe de l’Est », qui ont rappelé « le devoir de mémoire » pour les souffrances subies pendant la période nazie et attiré l’attention sur le danger des populismes et de l’antisémitisme. Entre les deux anniversaires, comme entre les événements historiques commémorés, il y a une certaine asymétrie, mais aussi un croisement d’expériences qui justifie des politiques de moralisation de la vie publique. Ma communication propose une analyse comparée des prises de position contrastées, avec les confrontations entre « mémoire du communisme » et « mémoire du fascisme », des institutions spécialisées dans la conservation des documents et des témoignages à même d’affirmer une « vérité historique » et les politiques en mesure de les appuyer ou de les instrumentaliser. Je me propose également de confronter les perspectives historiographique et sociologique par rapport à un tel objet, ainsi que les ressemblances et les dissemblances entre les cas roumain et est-allemand.