AISLF Tunis 2021

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Communication #923 présentée dans le GT24 - Sociologie des institutions

La vie qu’on peut espérer. « Autonomie » et « projet » dans le discours des personnes souffrant de troubles mentaux graves

M. Nicolas MARQUIS
Université Saint-Louis Bruxelles - CASPER | Bruxelles - Belgique

Résumé : On peut faire l’hypothèse que la psychiatrie institutionnelle est un lieu rassemblant des personnes qui se trouvent aux antipodes des idéaux moraux d’une société de l’autonomie comme condition (Ehrenberg). En ces temps propices à la désinstitutionnalisation, le jeu de langage du projet et de l’autonomie y prennent pourtant une place importante, dans le discours des soignants du moins. Quels sens des personnes atteintes de troubles mentaux graves perçoivent-ils dans ces termes et ce qu’ils charrient ? Quels critères utilisent-ils pour parler d’autonomie et de vies qui valent ou non la peine d’être vécues ? Que contiennent les projets qu’ils forment, souvent à la demande des soignants ? Comment se représentent-elles une existence future malgré, avec ou grâce à l’affection psychique ? Cette communication se base sur un terrain au long cours en psychiatrie dans deux institutions psychiatriques, en Belgique et en France (environ 50 entretiens avec des personnes souffrant de troubles mentaux sévères et deux fois 6 mois d’observation, systématiquement retranscrits et codés). Adoptant une posture de sociologie de nos mœurs contemporaines, elle interrogera ce que le discours des personnes psychotiques à propos de l’autonomie peut nous apprendre sur la société dans laquelle nous vivons.