« Protéger » ses enfants pendant un cancer : une morale adaptée à la maladie ou aux contingences conjugales et familiales des mères qui en sont atteintes ?
Mme Anaïs MARY Université de Paris - Centre de recherche sur les liens sociaux (CERLIS) | PARIS - France
Résumé : Cette proposition se propose d'interroger une morale issue de quatorze entretiens semi-directifs menés dans le cadre de notre thèse auprès de mères d’enfants âgés de 0 à 18 ans lors de leur cancer qui se définissent comme « mamans-poule » . Cette catégorisation renvoie à leur exercice de la maternité guidé par un principe de « protection » présent depuis la naissance de leurs enfants et exacerbé lors du cancer. Cette « protection » a pour vocation de leur épargner toute forme de souffrance. Lors du cancer, elle s’incarne par un exercice maintenu voire accru de tâches parentales par rapport à ce qu’il en était avant sa survenue. L’ambition affichée est de « protéger » les enfants de « souffrances » qui seraient provoquées par la considération des perspectives funestes du cancer en leur donnant la preuve de leur vitalité par la mobilisation de ressources physiques nécessaires à son accomplissement. Ce premier point fera l’objet d’un développement approfondi lors de notre communication. Dans un deuxième temps, nous replacerons ce maintien voire cet accroissement des tâches parentales lors du cancer dans les contingences conjugales et familiales (monoparentalité, isolement familial, monopole dans l’exercice des tâches parentales antérieur au cancer au sein du couple parental etc.) dans lesquelles sont prises ces femmes qui les entravent dans les possibilités qu’elles auraient de prendre de la distance vis-à-vis d’elles.