Le statut de l’entretien compréhensif en sociologie : s’entretenir avec un enquêté ou converser avec un individu dépositaire d’une expérience donnée ?
Mme Anaïs MARY
Université de Paris - Centre de recherche sur les liens sociaux (CERLIS) | PARIS - France
(avec : Camille ROUDAUT)
Résumé : Toutes deux doctorantes en sociologie, nous menons nos thèses respectives par l’intermédiaire d’entretiens semi-directifs dits compréhensifs. Il s’agit pour nous de recueillir et de comprendre le sens que les personnes rencontrées ‒ des mères ayant eu un cancer (A. MARY) et des anciens enfants placés ayant maintenu des liens avec les professionnels qui les ont accompagnés (C. ROUDAUT) ‒ donnent à leurs pratiques et à leurs expériences. Pour ce faire, il nous revient en tant que doctorantes en sociologie d’offrir un cadre confortable à nos enquêté.e.s pour qu’ils nous livrent une « parole audible et personnelle » (RAMOS E., 2015, pp.45-71). S’inscrivant dans le second axe, notre communication s’organiserait en trois parties. Nous proposons de discuter en quoi nos échanges avec les personnes rencontrées pourraient davantage être qualifiés de « conversations organisées » que « d’entretiens ». Par ailleurs, nous fonderons notre propos sur les apports – tels que l’accès à l’intimité, l’obtention d’un matériau riche de recherche permettant la réalisation d’analyses très fines des phénomènes sociaux que nous étudions – d’un tel choix autant dans la présentation de la recherche qu’au cours de l’interaction. Enfin, nous soulèverons les limites identifiées comme l’exposition accrue aux hors-sujets, la vulnérabilité du chercheur sur le plan personnel. Enfin, nous conclurons sur les modalités de leur dépassement : travail approfondi des guides d’entretien, passation d’entretiens par vagues, etc.