AISLF Tunis 2021

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Communication #932 présentée dans le CR35 - Sociologie du sport

L’amoralité, une norme sportive et quotidienne montante ?

M. Thierry LONG
Université Côte d'Azur - Lab. d'Anthropologie et de Psychologie cliniques, cognitives et social | NICE - France

Résumé : Les discours vertuistes ont jalonné et jalonnent toujours l’histoire du sport. La puissance de cette idéologie est une difficulté scientifique supplémentaire pour étudier sereinement cette thématique de la morale sportive. Ce n’est d’ailleurs que dans les années 70 pour la sociologie (Brohm, 1976) et 80 pour la psychologie (Bredemeier & Shields, 1984) que les premiers travaux en la matière ont vu le jour. Ils font majoritairement ressortir que le sport, au-delà des discours laudatifs, présente des réalités tout autre. En effet, quels que soient le niveau (Long, 2015), le genre (Corrion, Long et al., 2009) et le type de sport (Long et al., 2006), il y a une homogénéisation éthique ; ou plutôt une homogénéisation immorale, voire amorale. L’interprétation que nous en faisons est psychosociale. Le contexte sportif force l’amoralité par sa régulation et sa recherche de performance. Bredemeier et Shields (1984) l’avait pressenti en parlant de « morale entre parenthèse ». Ce mode de fonctionnement semble en outre se transférer dans la société (Gasparini, 2004 ; Long & Pantaléon, 2014 ; Van Yperen, 2011). Le philosophe moral Tugendhat (1998, 14) s’interroge d’ailleurs sur les effets de la disparition éventuelle de la morale : « cela modifierait fondamentalement les possibilités de nos relations subjectives : nous ne pourrions alors nous comporter avec les autres que de manière instrumentale […] ». Et si la majorité des gens qui « réussissent » dans la vie étaient des tricheurs ?