Cohabiter dans les quartiers populaires : morales habitantes en question
Mme Sophie GRAVEREAU Université du Littoral Côte d'Opale | DUNKERQUE - France
Résumé : Le quartier revêt des configurations diverses qui s’inscrivent dans des manières différenciées de cohabiter et de vivre socialement et spatialement. Pour les nouveaux résidents des quartiers populaires, qu’ils soient artistes, gentrifieurs, professionnels de la culture ou de la ville, etc., leur quartier, en tant qu’espace porteur de symboles moraux, se voit bien souvent érigé comme un exemple de cohabitation territoriale. Celle-ci s’appuie sur des pratiques urbaines partagées par certains de ces nouveaux habitants : commerces éthiques, sorties culturelles, transports écologiques, engagements associatifs, etc. Ces nouvelles pratiques interpellent la question de la morale urbaine en l’entremêlant à celle d’un idéal de vie : à la fois artistique, écologique, économique, identitaire et social. Pourtant, à y regarder précisément, cette manière de vivre et de penser les quartiers populaires, bien qu’elle se soit peu à peu imposée, grâce à des politiques territoriales encourageantes, est loin d’être partagée par l’ensemble des habitants. Des situations de tensions, voire de conflits, émergent entre les nouveaux résidents et les anciens habitants, qui ne peuvent satisfaire ces couches moyennes et adhérer à la morale citadine qu’ils proposent de construire ensemble. La réflexion que je vais dérouler ici part d’une première enquête de terrain effectuée à Paris, dans le quartier de Belleville, puis à Lille, dans les quartiers populaires de Moulins et Wazemmes et enfin à Lisbonne, dans le quartier en transition de la Mouraria.