Enjeux moraux et médicaux pour les médecins généralistes dans le cadre de la lutte de santé publique contre l’antibiorésistance
Mme Gaelle LE DREF Université de Lorraine - APEMAC EA 4360 | NANCY - France
Résumé : L’antibiorésistance constitue un problème de santé publique prioritaire depuis vingt ans en France et dans le monde. Les pouvoirs publics français mettent ainsi régulièrement en place des campagnes d’information et de communication pour sensibiliser à la fois les professionnels de santé et les usagers sur la nécessité d’un usage plus raisonné des antibiotiques. Responsables d’environ 65% des prescriptions antibiotiques, les médecins généralistes sont particulièrement incités à modifier leurs pratiques. Ceux-ci se retrouvent de ce fait pris au piège d’une injonction contradictoire mettant en jeu des impératifs relatifs à la déontologie médicale et au principe de bienfaisance vis-à-vis du patient, d’une part, et les devoirs que leur impose cette urgence sanitaire, d’autre part. Des enquêtes de terrain et des entretiens menés auprès de médecins généralistes en Lorraine révèlent à l’analyse que ces derniers doivent effectuer, avec plus ou moins de difficultés, de délicats arbitrages entre la préservation d’un bien commun à long terme – l’efficacité des antibiotiques – et l’intérêt plus immédiat des patients. Nous aimerions exposer dans cette communication les stratégies, y compris cognitives, développées par les médecins pour faire face à ce double impératif moral mettant en jeu leur déontologie professionnelle face à des patients pour lesquels ils peuvent, selon le cas, avoir une incertitude de diagnostic, craindre des complications ou être confrontés à leur insistance.