Hymens chirurgicaux et migration. Des dilemmes et malentendus médicaux devant des corps féminins altérisés en France
Mme Sarah BOISSON Université Côte d'Azur - Unité de recherches Migrations et société (URMIS) | NICE - France
Résumé : Historiquement, se sont développées dans différentes zones géographiques et à différentes époques des pratiques de modifications génitales féminines. Qu’il s’agisse d’excision en Afrique Subsaharienne, de clitoridectomies en Europe ou de réfactions d’hymen en Asie et au Maghreb, ces pratiques s’inscrivent dans une logique de réinscription des corps féminins dans un ordre social et de préservation de la virginité. Aujourd’hui, la médecine se réapproprie ces pratiques en disqualifiant les cadres antérieurs issus du sacré et de la tradition. C’est le cas notamment de la reconstruction de l’hymen. Cette pratique reste cependant très controversée, d’autant plus dans un pays d’accueil européen où elle est comprise sous le prisme de l’« ailleurs » et du « culturel ». Quels dilemmes et malentendus entraînent donc ces chirurgies ? Quels sont les arguments cliniques et économiques qui incitent les médecins à intervenir ou à dissuader les femmes d'avoir recours à cette chirurgie ? En quoi, le profil sociologique des médecins influent-il sur le diagnostique médical ? Cette communication s’axera sur la réaction de médecins face à une demande de chirurgie sexuelle féminine, à savoir la reconstruction d’hymen (hyménoplastie). Elle s’inscrit dans une enquête qualitative en cours composée d’entretiens auprès de chirurgien.ne.s - gynécologues, ainsi que de données démographiques sur l’espace français.