« J’ai été viré du SAVS ». L’épreuve morale de la fin de l’intervention sociale dédiée aux personnes en situation de handicap psychique
Mme Marine MAURIN
Institut régional et européen des métiers de l'intervention sociale | VILLEURBANNE - France
(avec : Catherine LENZI)
Résumé : Dans un contexte de désinstitutionnalisation de la psychiatrie et de reconnaissance publique du « handicap psychique » en France, des dispositifs appelés « service d’accompagnement à la vie sociale » se sont développés en direction des personnes concernées. Cette forme d’intervention sociale à domicile, soutenue par l’action publique, vise à favoriser l’autonomie des malades psychiques dans leur milieu de vie et à éviter leur hospitalisation. Alors que la maladie psychique est considérée comme une maladie chronique dont on ne guérit pas mais dont on pourrait se rétablir, l’accompagnement social reste néanmoins provisoire. Cette communication vise à interroger ce paradoxe moral de la fin de l’intervention sociale alors que les individus continuent d’être malades et qu’ils ont besoin de protection. Pour cela, nous nous appuierons sur une recherche collaborative qui mobilise une méthodologie qualitative hybride (entretiens individuels et collectifs avec des personnes accompagnées et leurs proches ainsi que des professionnelles ; observations ; méthode d’analyse en groupe). Dans un premier temps nous verrons comment les normes d’autonomie et de gestion en vigueur dans le travail social participent de la durée limitée de ce type d’accompagnement social. Dans un second temps, nous verrons que la « sortie » de ces dispositifs constitue une épreuve morale partagée par les personnes en situation de handicap psychique, leurs proches ainsi que par les professionnelles.