Faire de l’ESS un commun dans la coopération universitaire internationale
Mme Josiane STOESSEL-RITZ
Université de Haute Alsace - Faculté des Sciences Economiques et Sociales | MULHOUSE - France
(avec : Maurice BLANC)
Résumé : La formation à l’économie sociale et solidaire (ESS) est portée à l’échelle internationale par des universités « du Nord », en réponse aux attentes formulées par les universités et les réseaux locaux d’acteurs « du Sud ». Notre expérience au Maroc permet une approche réflexive qui interroge cette coopération, marquée par la post-colonisation et appelée à concilier des logiques contradictoires dans une construction fragile de l’ESS comme un bien commun : - D’un côté, une logique institutionnelle construite sur le découpage disciplinaire et ses cloisonnements hiérarchiques : la négociation d’une ESS offrant des ouvertures alternatives (et critiques) entre en tension avec la conformité aux modèles de développement existants. - De l’autre, une logique informelle, reposant sur le pouvoir d’agir des réseaux et le relationnel, dans des projets innovants qui déstabilisent l’institution. L’ESS progresse par des accords qui scellent un équilibre fragile (par exemple, la place des sciences sociales) et un apprentissage interculturel inscrit dans l’informel. La formation à l’ESS se construit dans la coopération conflictuelle, par une négociation des intérêts des acteurs en jeu et par des transactions sociales sur leurs valeurs : c’est « une manière de faire de la sociologie » (Jean Remy) susceptible de rendre compte d’une éthique de la coopération compatible avec une ESS génératrice de communs (savoirs et pratiques).