De la parabole du « panier percé » dans le mariage monogame aux rapports conjugaux inégalitaires dans les adultères d’hommes mariés au Gabon
M. Philippe NKOMA NTCHEMANDJI Université Franco-Gabonaise Saint-Exupéry - Observatoire International du Couple, de la Conjugalité et l'Extraconj | LIBREVILLE - Gabon
Résumé : Au Gabon, le couple officiel monogame est régi par les dispositions du mariage civil (devoir de fidélité, respect de l’engagement pris sur le choix monogame, gestion commune des biens …). Tout semble indiquer que les rapports conjugaux se réfèrent au principe d’égalité hommes-femmes. Pourtant dans les adultères d’hommes mariés, subsiste un principe moral inculqué aux futures épouses lors du mariage dit coutumier – précédant ou non le mariage civil – qui perdure dans le mariage civil monogame et met à mal le principe d’égalité hommes-femmes. Il s’agit de la parabole du « panier percé », ou dite en une des langues vernaculaires du Gabon (ici en myéné) : « Ò want’o e kenda g’idjomba n’otòndi w’esèsègè » (« la femme va en mariage avec un « panier percé » afin de supporter les maux du mariage »). Cette parabole traduit l’idée selon laquelle les affaires conjugales ne doivent en aucun cas être divulguées hors du cadre privé conjugal. Pour ce faire, elle prescrit aux épouses d’observer une résignation stoïque ; ou autrement dit, laisser faire le mari, se taire, se résigner en cas d’adultère. Cette communication se propose de montrer, à partir d’un « échantillon » restreint d’entretiens réalisés auprès de femmes mariées au fait d'amours adultères d'époux, comment le principe d’égalité hommes-femmes est dénié dans le couple monogame officiel au profit d'une disposition coutumière qui demande qu'elles s’en tiennent à une éthique de résignation.