Entre préoccupations sociales et environnementales : les sentiments d’injustice des travailleurs de la bauxite
M. Mody DIAW
UNIVERSITE DE BORDEAUX - INRAE | BORDEAUX - France
(avec : Valerie DELDREVE)
Résumé : A partir d’un travail de terrain en cours menés de Boké au Sénégal à Gardanne en France (campagne d’entretiens, d’observations et travail d’archive), cette communication portera sur les jugements moraux ou sentiments d’injustice (Boltanski, 1990 ; Dubet, 2005) que les ouvriers guinées et français de l’exploitation de la bauxite à de la production de l’alumine expriment dans le cadre de revendications sociales, portées dans l’espace public ainsi que lors des entretiens sociologiques individuels réalisés. Dans le prolongement des travaux d’A. Bertrand (2016), nous posons l’hypothèse que ces revendications qualifiées de sociales revêtent des dimensions environnementales peu reconnues, voire oubliées dans l’histoire des mobilisations ouvrières. A la différence de ces travaux cependant, nous postulons la pertinence du cadre de la justice environnementale pour mettre en visibilité et analyser les préoccupations environnementales des populations socialement les plus les plus vulnérables (Taylor, 2000 ; Schlosberg, 2007 ; Martinez-Alier, 2008). A cette aune, nous étudierons comment les travailleurs de la bauxite de Guinée et de France, publics captifs mais inégaux entre eux (selon les sites et les statuts), hiérarchisent, articulent ou fusionnent des principes de justice sociale, pour eux-mêmes ou les collectifs dont ils font partie, et de justice pour la nature et les générations futures.