L’activité savante en province, dans la France de la première moitié du XIXe siècle, entre enjeux politiques et scientifiques. Analyse des Congrès scientifiques de France entre 1833 et 1861
Mme Anne BIDOIS Université de Rouen Normandie - Dysolab | ROUEN - France
Résumé : De plus en plus nombreuses dans la France du XIXe siècle, les sociétés savantes de province multiplient leurs activités sur cette période : publications, conférences, expositions... Progressivement, leurs membres cherchent à valoriser leurs initiatives qu’ils considèrent comme davantage en prise avec les réalités de terrain en regard de la science parisienne. Parmi eux, le normand De Caumont propose, sur le modèle de ce qu’il a constaté en Allemagne, l’organisation de congrès pour coordonner et échanger sur les activités de ces sociétés œuvrant isolément les unes des autres. A partir de 1833, nombre d’entre elles se réunissent ainsi, chaque année dans une ville différente, lors des Congrès scientifiques de France. Notables érudits, professeurs des lycées et des facultés, ingénieurs locaux et bourgeois réformateurs et/ou gagnés aux courants utopistes s’y retrouvent et contribuent à construire et diffuser des savoirs ; ils y produisent également des discours normatifs, reflets de leurs inquiétudes face à une société en pleine mutation politique, sociale et industrielle. Se positionnant en relai auprès des ministères, ils cherchent notamment à définir les savoirs légitimes à transmettre. Cette contribution propose d’analyser, dans ce contexte de structuration des institutions d’enseignement et de recherche et, par ailleurs, de définition des normes de scientificité, les enjeux qui transparaissent dans ces congrès entre 1833 et 1861, date du premier congrès concurrent organisé par le ministère de l’Instruction publique.