Que devient la forme scolaire ?
M. Jean-Emile CHARLIER Université catholique de Louvain - ESPO | LOUVAIN-LA-NEUVE - Belgique
Résumé : Foucault a montré que l’école a joué un rôle majeur dans le processus de disciplinarisation de la société. La forme scolaire qu’il a décrite se caractérise par la clôture, la division de l’espace, l’organisation du temps, la hiérarchisation des individus selon leur classement dans les épreuves scolaires. Le contrôle de l’élève est aisé : la plupart du temps, il est sous l’œil du maître, et quand il n’y est pas, un lieu et une activité lui sont assignés, toute transgression peut être punie. Bernstein a prolongé cette analyse avec les concepts de découpage et de classification. La communication veut montrer que la forme scolaire subit des attaques 1) organisationnelles et 2) épistémologiques. Organisationnelles, parce que la proportion d’élèves qui échappent à l’emprise d’une école « standardisée » croît de façon significative, que ce soit par la préférence pour un apprentissage exclusivement religieux (ex. : daara), pour des écoles privées (ex. : charter schools) ou pour le homeschooling. Épistémologiques, parce que la forme scolaire est indissociable d’une vision de la société dans laquelle toute la vérité est détenue au sommet de sa hiérarchie et doit être transmise aux élèves progressivement et sans intermédiaires. Cette représentation est battue en brèche par Wikipédia ou les logiciels libres qui excluent le rapport hiérarchique au profit de collaborations horizontales, les classes inversées sont une expression pédagogique de cette conception.