AISLF Tunis 2021

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Communication #105 présentée dans le CR19 - Sociologie clinique

La grande transformation des peuples autochtones des Andes : du Sumak Kawsay au Buen Vivir, une épistémologie au service du Bien Commun

Mme Otilia Del Carmen PUIGGROS
Université du Québec en Outaouais - Département des sciences sociales | GATINEAU - Canada
(avec : Denis Y. CHARLEBOIS)

Résumé : À l’époque de la postmodernité, le concept de « développement » est sérieusement remis en question. S’il est vrai que les ressources de la terre ne sont pas illimitées, le bonheur, individuel ou collectif, peut-il encore être associé à une croissance économique illimitée ? À partir d’une relecture du concept de développement humain et des indicateurs qui en manifestent les diverses dimensions, les auteurs présentent le cas du « Buen vivir » (bien-vivre, BV), paradigme inspiré des traditions des peuples kichwa et aymara des Andes, inscrit dans les textes constitutionnels d’états dits plurinationaux, dont l’Équateur et la Bolivie. Ce discours émerge comme un courant critique du développement, nouvelle dynamique relationnelle entre les citoyens et entre ceux-ci et l’État. La communication met en relief la mobilisation d’organisations indigènes andines, acteurs qui dénoncent les enjeux moraux posés par les mirages du progrès et du productivisme. À travers l’octroi à la nature de droits constitutionnels et proposant une vision de l’économie au service du bien commun, le Buen vivir devient le moteur d’une nouvelle matrice culturelle, politique, économique et écologique. Le BV participe de la construction d’une contre-hégémonie culturelle et se présente comme un vecteur de décolonisation du savoir et du pouvoir. Concept en construction, il ouvre déjà un large éventail de réflexions et de voies pour affranchir les sociétés de l’idéologie productiviste de la civilisation occidentale.