Usagers de drogues injectables et connaissance du statut VIH : de la précarité à l’ignorance
M. Abdellah ES-SOUADI Université Hassan II Casablanca | CASABLANCA - Maroc
Résumé : Au Maroc, depuis 2004 le ministère de la santé procède à l’organisation des enquêtes bio-comportementales auprès de personnes usagères de drogues injectables dont l’objectif est de déterminer la prévalence du VIH et du VHC et des comportements à risques, ainsi que de fournir le résultat du dépistage du VIH et du VHC à la personne concernée en vue d’entamer une éventuelle prise en charge si le résultat en est positive. Or, compte tenu de la faible couverture de traitement antirétroviral (ART) (17% en 2015 et 29% en 2017, bien loin des 59% enregistrés au niveau mondial), les professionnels du ministère de la santé veillent à ce que les résultats ne soient pas à la disposition de personnes concernées pour éviter toute pression sur le système de santé et sous prétexte qu’il vaut mieux ne pas savoir son statut que de semer la panique dans le public. Cela fait de l'ignorance un problème purement politique. Il y va du droit de toutes les personnes participantes aux enquêtes d’accès à l’information exhaustive et précise sur leur état de santé. Cette ignorance produite à chaque enquête bio-comportementale n'est pas forcément voulue ; elle résulte plutôt de la faible capacité d'agir et du fonctionnement des institutions. Ma présente communication vise à mettre en relief une forme d'ignorance délibérément choisie par les professionnels de santé et les répercussions que peut avoir le monopole des informations sur l’état de santé de participants aux enquêtes et la propagation des virus.