Les enseignants du secondaire comprennent-ils les élèves ?
M. Tony ORIVAL Université du Mans (France) - Université de Montréal (Canada) - Département de sociologie | LE MANS / MONTRÉAL - France
Résumé : Pour les enseignants du secondaire, tenir compte du niveau des élèves et s’adapter à eux semble désormais une orientation déontologique – au sens de « devoir moral » (Prairat, 2013) – inscrite au rang de « nouvelle professionnalité » (Périer, 2014). En témoigne par exemple les référentiels de compétences professionnelles des métiers du professorat (Bulletin Officiel de 2013, par exemple) qui invite sinon impose désormais aux enseignants d’offrir un langage aussi ajusté que possible aux aptitudes linguistiques de leurs vis-à-vis. Cependant, pour se mettre au diapason des apprenants, encore faut-il que les enseignants les comprennent (Weber, 2003). Or nous posons que les enseignants du secondaire font face à des obstacles qui les empêchent temporairement ou plus durablement de décrypter cognitivement le « cadre de référence » de celles et ceux auprès desquels ils interviennent. Pour ce faire, nous prenons appui sur cinquante entretiens avec des enseignants du secondaire français issus de trois collèges aux publics socialement et scolairement contrastés – favorisé, mixte socialement et défavorisé. Ces enseignants de profils divers – du point de vue de l’âge, du sexe, de la discipline, de l’origine sociale – ont été rencontrés au cours d’interviews d’une durée d’une heure à trois heures. Nous verrons alors que des obstacles institutionnels et relationnels entravent ce « devoir moral ». Et que les enseignants ne disposent pas tous des mêmes chances pour comprendre les élèves.