AISLF Tunis 2021

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Communication #1556 présentée dans le CR19 - Sociologie clinique

Quand la littérature s'en mêle

Mme Béatrice DELPLANCHE
Réseau international de sociologie clinique - Groupe de recherche et formation en sociologie clinique (Montréal) | MONTRÉAL - Canada

Résumé : Dans le dernier chapitre de son récit "Le Consentement", qui a déclenché "L'affaire Matzneff", Vanessa Springora nous confie que « écrire, c’était redevenir le sujet de ma propre histoire. » Elle énonce ainsi, sans doute sans le savoir, le programme de la sociologie clinique. Dans "Des gens très bien", Alexandre Jardin nous dit que « si nous ne sommes pas coupables de nos pères et grand-pères, nous restons responsables de notre regard ... J’écris pour ne plus m’inscrire dans un lignage sans remords et cesser d’être complice. » Ces deux récits sont aussi des tentatives, pour leurs auteurs, de sortir de la honte. Vincent de Gaulejac, dans ses écrits et ses enseignements, prône la nécessité d’une approche pluridisciplinaire qui puise dans les apports théoriques et méthodologiques de divers référents. Je propose de montrer en quoi l’herméneutique de Paul Ricoeur et la linguistique du discours aident à la compréhension du récit de soi comme lieu d’émancipation et de re-subjectivation. Un récit à visée littéraire métamorphose le vécu douloureux en œuvre d’art, mais dès qu’il est publié, il devient le lieu différé d’une rencontre entre deux subjectivités, deux mondes, celui du texte, configuré par l’auteur, et celui du lecteur… « qui ainsi change son agir."(Ricoeur) » Les notions de paratopie, d’éthos discursif, d'identité narrative et d’horizon d’attente seront notamment convoquées pour la compréhension des enjeux moraux de tels récits.