AISLF Tunis 2021

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Communication #385 présentée dans le CR07 - Éducation, formation, socialisation

Les charges métaphoriques de la notion de résistance

M. Jean-Emile CHARLIER
Université catholique de Louvain - ESPO | LOUVAIN-LA-NEUVE - Belgique

Résumé : Depuis quelques années, la notion de résistance se rencontre fréquemment dans des écrits sociologiques. Les usages contemporains du terme n’ont aucune filiation avec les théories de néo-marxistes promues dans les années 1970 et 1980 par Willis (1977), Anyon (1981) ou Giroux (1981, 1983). Les auteurs anglo-saxons prennent massivement appui sur les travaux de Scott sur la résistance quotidienne (1985, 1992). Ces dernières années, Vinthagen s’est imposé comme l’héritier de Scott et a prolongé sa conceptualisation de la résistance quotidienne. La sociologie francophone n’a pas suivi la même trajectoire et tend à privilégier des usages de la notion de résistance qui mettent l’accent sur l’opposition frontale que des acteurs opposent à l’idéologie dominante ou au pouvoir, globalement dans une tradition foucaldienne. L’hypothèse qui sera présentée dans cette communication est que les utilisateurs anglophones et francophones de la notion de résistance ne l’entendent pas dans le même sens parce qu’ils ne l’associent pas à la même métaphore. Les anglophones sont proches de l’image de la résistance électrique, ou de la résistance des matériaux : la résistance est donc un état, qui peut durer indéfiniment et qui n’a aucun caractère de perturbation. Les francophones ne peuvent utiliser le terme qu’en le rapportant à la Résistance, c’est-à-dire à une prise de risques majeure d’acteurs prêts à tout pour contribuer à un changement radical.