AISLF Tunis 2021

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Communication #406 présentée dans le CR17 - Sociologie et anthropologie de l'alimentation

Sommes-nous cannibales ? Animalisme, véganisme et morale alimentaire

Mme Marianne CELKA
université Paul-Valéry Montpellier 3 - LEIRIS | MONTPELLIER - France

Résumé : « Dis-moi ce que tu manges, je te dirai qui tu es », jamais cet aphorisme n’a-t-il était aussi pertinent qu’aujourd’hui. Le contenu de nos assiettes est sujet à un jugement moral brûlant qui témoigne de la moralisation de nos régimes alimentaires. Le « carnisme » (M. Joy) est-il un nouveau cannibalisme ? Les termes « cannibalisme » (F. Burgat) et « barbarie », véhiculés dans les discours abolitionnistes, portent en eux une signification profonde dont on peut saisir la portée euristique. Littéralement, ce et ceux qu’on ne comprend pas (ou plus), dérangent et polluent (M. Douglas) nos représentations de ce qu’est l’« humain ». Le cannibale est un barbare qui ne sait pas reconnaître l’inhumanité de ses actes. Le christianisme en interdisant les sacrifices animaux a rebouté la consommation carnée dans la sphère du profane. Puis, suivant les progrès de l’éthique animale, les animaux sont devenus « les mêmes que l’homme ». L’industrie animale semble ainsi s'être rendue étrangère à la morale humaniste contemporaine comme une dernière entrave à l'avènement d'une société vraiment humaine. À partir de ces observations, il s’agit de faire discuter l’injonction végétalienne, la définition de ce qui est humain (alimentation morale) et le devenir laboratoire du monde (promotion de la viande artificielle ou « viande propre ») comme potentiel paradoxe des conséquences (M. Weber).