Morales alimentaires au Maroc : de nouvelles injonctions à la tradition au prisme des rapports de genre
Mme Hayat ZIRARI
Université Hassan II | CASABLANCA - Maroc
(avec : Audrey SOULA)
Résumé : Ces dernières années, les nouveaux médias et réseaux sociaux se sont imposés comme des sources d’information et de partage au sein de la société marocaine, particulièrement auprès des femmes. Avec eux, de nouvelles figures, et donc de nouveaux prescripteurs, ont émergés et se sont imposés dans différents domaines de la vie quotidienne, notamment autour de l’alimentation et la santé. Les discours de ce que nous appellerons ces « prédicateurs de l’alimentation » fondent leurs propos sur l’importance d’un retour aux pratiques culinaires et aux habitudes alimentaires « traditionnelles ». Ceux-ci se superposent et coexistent avec un discours de méfiance envers l’alimentation hors foyer couplé à un attachement à la nourriture domestique et à la cuisine d’antan, surtout de la part des hommes. Quel est alors l’effet de ces discours, de ces nouvelles formes de morale alimentaire, sur les mangeurs urbains de Casablanca, notamment les femmes qui en sont les principales destinataires ? Dans quelles mesures les individus adaptent-ils leur rapport à l’alimentation et quelles stratégies mettent-ils en place pour faire face à ces diverses prescriptions ? En analysant le contenu de ces discours et ce qu’en font concrètement les individus, la communication fera apparaître les multiples réajustements que suscite la diffusion de normes et valeurs associés à l’alimentation et au « bien manger » dans le cadre d’une reconfiguration des rapports de genre dans la société marocaine actuelle.